Skate



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Passionnée par le milieu urbain et sa culture, Claire Huteau promène souvent son appareil photo dans les rues de la villes afin de capter des ambiances, des images de la vie quotidienne ou de lieux qui l'interpellent.

C'est ainsi qu'elle a commencé à prendre des photos de skate-parks et de skateurs.
Elle ne savait pas, à ce moment-là, qu'elle allait avoir envie d'expérimenter cette activité, et qu'elle allait y prendre goût jusqu'à devenir elle-même une passionnée de glisse.

Plus qu'un loisir, elle pu découvrir un véritable art de vivre, avec un esprit communautaire très fort. L'adrénaline ressentie en apprenant à faire du skate l'a rapidement rendue accro, les sorties et les prises de vue se sont multipliées, prenant le chemin d'un projet artistique au long cours et de grande ampleur, lui donnant envie de découvrir d'autres spots et d'autres sensations. Et c'est justement le grand intérêt de cette aventure à la fois humaine et artistique, ce qui la rend si excitante : ne pas savoir à l'avance ce que l'on va photographier, ne pas programmer, ne pas mettre en scène, ne pas faire poser, se laisser porter par le hasard des rencontres, les capter, en se laissant guider uniquement par son intuition.

C'est un projet-passion que l'artiste n'a pas anticipé, pensé à l'avance, mais qui s'est présenté naturellement à elle, grâce à sa curiosité de photographe arpentant la ville, et sa volonté de révéler le monde contemporain, ses différents visages, ses différents univers. Car le skate est un microcosme, un monde en soi. Et c'est précisément ce dont l'artiste a souhaité rendre compte, et c'est ce qui rend son projet original. En effet, la plupart des photographes de la «skateculture» réalisent des prises de vues très spectaculaires, de figures impressionnantes, dans lesquels les skateurs voltigent et repoussent les limites de la gravité. L'intention est d'en faire ressortir le côté «sport extrême», de mettre une claque au spectateur en lui transmettant les sensations fortes de l'activité.

Le projet de Claire Huteau, quant à lui, se trouve davantage «à la périphérie», dans le sens où elle photographie à la fois des scènes de glisse, avec ses figures, mais surtout ce qu'il y a « autour » : la communauté, l'amitié, les temps «off», etc.

En pratiquant elle-même cette activité et en investissant les skate-parks, elle n'est pas seulement devenue une spectatrice, mais une actrice à part entière de la «culture skate», et c'est ce qui lui permet de nous transmettre avec autant d'authenticité ce qu'elle y a découvert, à savoir cet esprit libre et fraternel, et cet autre élément essentiel: le plaisir , celui de se sentir vivant et celui d'être ensemble.

En réalisant des clichés de visages et de corps en mouvement, d'instants individuels et collectifs, le tout en argentique, choisi pour son grain particulier et intemporel, elle insuffle à ses photos cet esprit de liberté, d'amitié, et ce plaisir que l'on peut ressentir quand on skate soi-même ou quand on regarde les autres glisser.

Et s'il y a bien quelque chose qui caractérise tout être humain, quelque soit l'époque,c'est bien ce besoin du collectif et ce désir de liberté. Le spectateur se trouve alors immergé dans des scènes à 100% urbaines et qui pourtant sont comme « à la frontière » de la ville, dans une parenthèse hors du temps, hors du quotidien et du tracas du monde.

Ici, l'heure est à la détente et au partage, au milieu des casquettes, des tenues amples et colorées, des planches personnalisées, et des skate-parks ornés de graffitis. En se saisissant des sourires, des figures de glisse et des attitudes naturelles de ses partenaires, Claire Huteau témoigne avec justesse de cette culture contemporaine et le fait avec un regard plein d'humanité, qui est, il faut bien le dire, sa marque de fabrique et son grand talent.